Les sociétés de covoiturage Uber et Lyft empochent une part croissante de ce que les passagers paient alors que les conducteurs gagnent moins, selon un nouveau rapport publié aujourd'hui par l'App-Based Drivers Association. 

L'étude - basée sur l'analyse des rapports financiers des entreprises, combinée à des données inédites sur les trajets collectées par les chauffeurs locaux de Seattle - a été rendue publique lors d'un événement "Driver Speak Out" auquel ont participé des chauffeurs dans le parc d'attente de l'aéroport de Sea-Tac. 

"En tant que chauffeurs, nous nous assurons que nos clients arrivent à destination en toute sécurité, et nous supportons tous les coûts de la voiture, de l'essence, de l'entretien, des réparations - tout", a déclaré Don Creery, qui conduit pour Uber depuis cinq ans. "Mais au fil des ans, Uber a pris de plus en plus sur ce que les passagers payaient, et maintenant ils disent aux investisseurs qu'ils ont l'intention de réduire encore plus la rémunération des chauffeurs pour satisfaire les actionnaires. Ce n'est tout simplement pas normal."

L'événement "Speak Out" faisait partie d'une douzaine d'actions menées par les chauffeurs dans les principales zones métropolitaines, juste avant les débuts très attendus d'Uber à Wall Street, qui devrait être valorisé à plus de 100 milliards de dollars. Mais si l'introduction en bourse d'Uber est susceptible de faire naître une nouvelle génération de millionnaires de la technologie, les données montrent que les chauffeurs sont de moins en moins payés par rapport à ce que les clients doivent payer. 

Lorsque Uber et Lyft sont arrivés à Seattle, les chauffeurs étaient payés 80 % de ce que les passagers devaient payer. Aujourd'hui, sur le trajet médian à Seattle, les chauffeurs ne reçoivent que 69 %, selon le rapport de l'ABDA. Et plus les usagers paient, moins les chauffeurs reçoivent. 

Sur la majorité des trajets analysés, les utilisateurs ont payé des prix plus élevés que ceux annoncés par UberX pour les trajets non surchargés. Sur ces trajets à prix élevé, les chauffeurs n'ont reçu que 62 % du prix payé par le passager - la part de l'entreprise étant de 38 %. Sur certains trajets, la rémunération des chauffeurs n'atteignait que 32 % du prix facturé aux clients. 

Les taux de prise d'Uber et de Lyft sont élevés par rapport à d'autres plateformes de marché en ligne. 

Paypal facture aux utilisateurs 2,9 %, plus 0,30 $. Etsy facture aux marchands 5 %, plus des frais d'inscription. Mercari facture 10 % aux vendeurs. Les frais d'Ebay se situent entre 2 % et 12 % du prix de vente. Les frais d'AirBnB pour les hôtes et les clients combinés se situent entre 3 % et 23 % du prix de l'annonce.

"Les consommateurs méritent la transparence des prix pour savoir qu'au moins 80 % de ce qu'ils paient est partagé avec leur chauffeur, et non conservé par l'entreprise pour ses frais généraux ou ses profits", a déclaré Peter Kuel de l'App-Based Drivers Association, qui a été chauffeur Uber et Lyft pendant 5 ans. "Uber et Lyft devraient respecter les mêmes normes que toutes les autres entreprises de la ville, en veillant à ce que les chauffeurs puissent bénéficier de congés de maladie payés et ne reçoivent jamais moins de 15 dollars de salaire minimum après déduction des frais."